Historique

Photo de couverture Historique : Diplôme d'honneur SIE

Historique

La Société Industrielle de l’Est a été fondée en 1884. Ses pères fondateurs revendiquent une inspiration avec la Société Industrielle de Mulhouse comme modèle, mais le contexte historique et les caractéristiques humaines et territoriales diffèrent totalement. Dès le départ, elle s’adressait à l’ensemble des représentants de l’industrie régionale, quelles que soient leur philosophie, leur religion, ou leur éducation, alors que le modèle mulhousien s’adressait à un groupe uni par une même religion calviniste.

Après l’annexion de l’Alsace-Lorraine, un grand établissement de blanchisserie et teinturerie s’installe à Thaon les Vosges grâce à l’apport de capitaux en grande partie alsaciens. Ainsi se crée à Épinal le centre boursier de l’industrie cotonnière de la région, et la région nancéienne établit alors des relations d’affaires entre elle et Épinal. C’est une des raisons ayant justifié la création de la Société Industrielle de l’Est.

Les trois grands pôles de la SIE à l’origine étaient l’industrie du fer, du sel et du textile ; les trois secteurs étant représentés à la tête de la société, respectivement par les fondateurs Xavier Rogé, Prosper Hanrez, et le vice-président Armand Lederlin.

Société Industrielle de Mulhouse

La SIE naît donc dans un contexte très particulier de crise économique, frappant de plein fouet la France et tous ses secteurs industriels, y compris ceux de la Lorraine. L’association se définit alors comme une réponse pour contrer cette crise et les tensions sociales qui l’accompagnent. Cette solidarité patronale inédite intervenait dans un contexte propre aux lois de la concurrence de l’époque et à la réticence du patronat envers toute discipline syndicale.

Les objectifs généraux de l’association furent rapidement fixés, ainsi que la définition des moyens à mobiliser. Les priorités ont ainsi été établies, à savoir se concentrer sur des échanges de procédés portant sur des problèmes communs à toutes les entreprises. Au fil des années, la SIE démontre ainsi son caractère inédit dans ce qu’elle apporte au milieu de l’industrie régionale, et outre cet effort de solidarité peu commun, elle multiplie les contacts avec les milieux scientifiques, alors que jusqu’ici, les milieux nancéiens de la science et de l’industrie s’étaient mutuellement et totalement ignorés.

Cela inaugure une véritable alliance entre ces deux milieux : les scientifiques nancéiens trouvent parfaitement leur place dans cette sociabilité industrielle et l’industrie finance des laboratoires à partir de 1907/1908. Cette alliance agit comme argumentaire valorisant les relations industrielles de la région.

Elle trouve son apothéose en 1909, à l’occasion de deux événements importants : le président de la SIE présentant la faculté des sciences comme une « victoire de toutes les énergies locales », dans son discours fait pour l’inauguration du monument à la mémoire de l’ancien doyen de la faculté des sciences Ernest Bichat, ainsi que l’Exposition Internationale de l’Est de la France, qui connut un très grand rassemblement.

Cette collaboration a valu à la SIE une véritable légitimité historique. Elle sera suivie d’une collaboration avec les acteurs de l’enseignement supérieur, lui permettant de rester un des principaux interlocuteurs et partenaires de l’enseignement technique supérieur nancéien, pendant des décennies et encore aujourd’hui. Ainsi, lors de la remise annuelle des grands prix de la recherche et des prix Bac Pro, se pérennise ce fort mouvement d’union.

Exposition Internationale de l'Est de 1909

L’Exposition de 1909 s’inscrit dans un contexte de France de l’Est mutilée par l’annexion, avec un défi à relever : faire face à la puissance économique de l’Allemagne toute proche, ce qui a motivé les membres de la SIE à prendre en main l’organisation de cette grande exposition.

Celle-ci fut le symbole de l’union entre la science et l’industrie, car les scientifiques nancéiens contribuèrent à sa préparation, mettant en valeur la science et ses applications. De ce fait, ils ont contribué au développement de la culture industrielle lorraine.

L’Exposition donna une représentation idéale voire magnifiée des territoires de l’Est. Elle fut non seulement commandée par une nécessité défensive face à l’Allemagne, afin de lutter contre les fuites technologiques, mais contribua aussi à l’élaboration d’une véritable stratégie de veille technologique, avant même que le concept ne soit formulé, car il fallait « savoir ce que font les étrangers et montrer à ces derniers ce dont nous sommes capables ».

Les progrès de la science notés grâce à cette exposition contribuèrent ainsi à améliorer la condition sociale des travailleurs en entreprise.